Chapitre 6 Climat

6.1 Contribution au changement climatique

Commentaire de l’indicateur

En région Centre-Val de Loire, le Schéma Régional Climat Air Energie (SRCAE) adopté en 2012 prévoit de diviser par 4 les émissions de gaz à effet de serre (GES) en 2050 par rapport à leur niveau de 2008.

En 2012, 17 705 kteq CO2 (kilo tonnes équivalent de dioxyde de carbone) ont été rejetés dans l’atmostphère en région.

En région Centre-Val de Loire, le transport et l’agriculture émettent plus de la moitié des GES (en teq CO2) avec respectivement 32 et 23 % du total. Les secteurs résidentiel et tertiaire représentent quant à eux près du quart (22 %) des émissions. Viennent enfin l’industrie avec 19 % et la production - distribution d’énergie 4 %.

Le CO2 est le principal gaz à effet de serre, représentant 79 % des émissions, il est principalement issu de la combustion des énergies fossiles. Le secteur des transports est le principal responsable des rejets de CO2 (41 %), suivi de l’industrie (22 %) et du résidentiel (19 %).

Le méthane représente 7 % des émissions de GES de la région, il est majoritairement issu de l’élevage (rumination des animaux, émissions des effluents) mais aussi du traitement des déchets et des eaux usées. Le secteur de l’agriculture est donc le principal émetteur de méthane (78 % des rejets totaux).

Le protoxyde d’azote (14 % des GES de la région) est principalement émis par les micro-organismes du sol qui transforment l’azote apporté sous forme d’engrais, d’effluents d’élevage ou de résidus de culture. Il représente 14 % des émissions de la région ; une proportion élevée due au rang de premier bassin céréalier français. Le secteur agricole y est responsable à 92 % des émissions de protoxyde d’azote.


Commentaire de l’indicateur

Le Schéma Régional, d’Aménagement, de Développement Durable et d’Égalité des Territoires (SRADDET) est un document élaboré par la Région et approuvé par le préfet. Il définit les orientations stratégiques et fixe des objectifs en matière d’aménagement du territoire, d’énergie, de transport, de biodiversité ou de gestion des déchets.

Les gaz à effet de serre emprisonnent les rayonnements du soleil et contribuent ainsi au changement climatique.

Le secteur du bâtiment émet plus de 123 millions de tonnes équivalent CO2 par an en France, soit le quart des émissions nationales de CO2. Il constitue ainsi un levier important dans la lutte contre le réchauffement climatique.

En 2016, 18,3 millions de tonnes équivalent CO2 (Mteq CO2) ont été émis en région Centre-Val de Loire dans les secteurs du bâtiment, du transport et de l’économie (industrie et agriculture). Cela représente une baisse de 13,6 % par rapport au niveau de 2008 (21,1 Mteq CO2).

Les émissions de gaz à effet de serre liées au secteur du transport ont stagné sur cette période tandis que celles liées au bâtiment et à l’économie reculent respectivement de 28,1 % et de 13,1 %. Le secteur du bâtiment ressort comme étant celui pour lequel les objectifs fixés semblent les plus facilement atteignables.

Pour 2050, l’objectif national fixé est d’atteindre la neutralité carbone, . L’atteinte de cet objectif requerra des efforts plus importants au vu des tendances observées entre 2008 et 2016.



Pour en savoir plus :

Énergie et émissions nationales de GES dans le secteur du bâtiment :

https://www.ecologie.gouv.fr/energie-dans-batiments

Centre-Val de Loire, la Région 360° :

https://www.centre-valdeloire.fr/comprendre/territoire/centre-val-de-loire-la-region-360deg

Oreges Centre-Val de Loire – Plate-forme ODACE :

https://oreges-ligair.opendata.arcgis.com/


6.2 Impacts du changement climatique

Commentaire de l’indicateur
Marianne


Le portail DRIAS de Météo-France permet la mise à disposition de différentes données issues des modélisations du climat futur. Parmi ces données, le jeu DRIAS 2020 regroupe les simulations de 12 couples de modèles de l’ensemble Euro-Cordex pour le scénario RCP8.5, le scénario relativement proche de la tendance actuelle à l’échelle mondiale.

En ce qui concerne l’évolution du cumul des précipitations, les projections indiquent une tendance à la baisse des cumuls estivaux et une augmentation des cumuls hivernaux pour les scénarios RCP8.5 et RCP4.5. Il existe toutefois de fortes incertitudes qui s’expliquent notamment par le fait que la France se situe dans une zone de transition climatique à l’échelle continentale.

Les modèles s’accordent par contre sur le fait que le nombre de jours de fortes précipitations augmentera et que les événements météorologiques extrêmes seront de plus en plus fréquents. À l’horizon du milieu du siècle (2041-2070), les projections en région Centre-Val de Loire pour le scénario d’émission des gaz à effet de serre le plus pessimiste indiquent une hausse des jours de fortes précipitations (supérieures à 20 mm) par rapport à la période 1976-2005. Cette hausse est la plus forte pour une grande moitié sud de la région (+ 2 jours) selon les valeurs les plus fortes des 12 modélisations climatiques utilisées.




Commentaire de l’indicateur

Le changement climatique a des impacts sur la ressource en eau et intensifie les événements extrêmes. La tendance est à l’assèchement des sols en France sur quasiment tout le territoire et en toute saison.

En région Centre - Val de Loire depuis 1959, cinq années ont connu des épisodes de sécheresse sévères : 1976, 1989, 1990, 1992 et 2011. Sur le long terme on constate une augmentation perceptible des surfaces touchées à partir des années 1990 et la progression s’accentue encore dans les années 2000. Entre 1959 et 1984, la moyenne glissante sur 11 ans de surfaces touchées par la sécheresse se situe dans une fourchette allant de 2 à 7 %. A partir de la fin des années 1980, cette moyenne glissante a des valeurs plus élevées (entre 4 et 16 %). Cependant cette augmentation reste légèrement en dessous des valeurs nationales.

En septembre 2020, en France, 78 départements ont fait l’objet d’arrêtés préfectoraux pour restriction d’eau. Cela signifie que dans des conditions d’alerte et d’alerte renforcée, certains prélèvements sont fortement réduits et des limitations strictes sont imposées à certains arrosages et activités nécessitant de l’eau. En cas de crise, les prélèvements non prioritaires ou agricoles y sont interdits, seuls sont maintenus ceux qui servent à des usages de santé ou de sécurité. Depuis 2012, en période estivale, tous les départements de la région font l’objet d’arrêtés de restriction d’eau très régulièrement.

La sécheresse se vérifie aussi par l’indice d’humidité des sols calculé par Météo France. L’indicateur varie de 0 à 1,5 : plus il est proche de 0 et plus le sol est sec. En France, en août 2020 tous les départements (sauf la Bretagne et l’extrême sud-est) présentaient un indice d’humidité plus bas que leur moyenne de référence. Ces écarts furent particulièrement importants dans le nord de la France mais aussi dans la moitié des départements de la région.



Pour en savoir plus :

Propulvia, consultation des arrêtés de restriction d’eau

http://propluvia.developpement-durable.gouv.fr/propluvia/faces/index.jsp

Météo-France, indice d’humidité des sols

https://donneespubliques.meteofrance.fr/fond=caracteristique&caracteristique=11&caracdisp=28




Commentaire de l’indicateur

Le rendement et la qualité des productions viticoles sont fortement influencés par les changements climatiques. Cet indicateur nous permet de mettre en évidence que les dates de floraison de la vigne sont de plus en plus précoces, phénomène estimé à partir de l’évolution des températures.

La floraison de la vigne (débourrage des boutons floraux) est possible lorsque la vigne a accumulé une durée suffisante de températures supérieures à 10°C à partir du printemps. En dessous de 10°C, la vigne reste en dormance. Cette valeur est calculée à partir d’une somme de températures moyennes journalières.

Sur quatre cépages étudiés aux alentours de Tours, la tendance est identique : on estime que la date de floraison de la vigne a avancé de 11 à 12 jours en 45 ans (entre 1970 et 2015).

Ce nombre d’heures de température dépend du cépage concerné : chaque cépage ne nécessite pas exactement le même nombre d’heures cumulées de température.

Quel que soit le cépage, la tendance est la même : le nombre d’heures supérieures à 10°C nécessaires à la floraison est atteint plus précocement qu’il y a 50 ans. Cela conforte l’hypothèse d’un réchauffement climatique lent et progressif.

Ces conditions climatiques évoluant de façon notable, cela pourrait avoir un impact sur l’adaptation des cépages aux territoires. Le projet CLIMENVI, lancé par la chambre d’agriculture du Loir-et-Cher en 2018, a pour objectif l’appropriation de la connaissance acquise sur ces différents impacts par la filière viticole en région Centre-Val de Loire pour élaborer une stratégie régionale d’adaptation de la viticulture au changement climatique.



Pour en savoir plus :

Chambre d’agriculture du Loir-et-Cher, Projet CLIMENVI

https://centre-valdeloire.chambres-agriculture.fr/actualites/detail-de-lactualite/actualites/le-projet-climenvi-est-lance/

https://centre-valdeloire.chambres-agriculture.fr/ird/ird-projets-rd-innovation/projet-pei-climenvi-2018-2022/

Chambres d’agriculture Centre-Val de Loire, Observatoire régional de l’agriculture et du changement climatique (ORACLE version intermédiaire)

https://centre-valdeloire.chambres-agriculture.fr/fileadmin/user_upload/Centre-Val-de-Loire/122_Inst-Centre-Val-de-Loire/Agro_environnement/Climat_Air/ORACLE_version_intermediaire.pdf

Vinopôle, Actes de la journée « Esprit filière » 2016, Présentation « Le changement climatique, Quelles évolutions attendues pour les vignobles du Centre-Val de Loire ? »

https://www.vinopole-cvdl.com/fileadmin/fichiers/actes_ESPRIT_FILIERE_2016.pdf

Nadine Brisson†, Frédéric Levrault, ÉDITEURS. 2010. Changement climatique, agriculture et forêt en France : simulations d’impacts sur les principales espèces. Le Livre Vert du projet CLIMATOR (2007-2010). ADEME. 336 p. 

https://librairie.ademe.fr/produire-autrement/3893-changement-climatique-agriculture-et-foret-en-france-simulations-d-impacts-sur-les-principales-especes.html

Chambres d’agriculture, L’agriculture face au changement climatique

https://chambres-agriculture.fr/fileadmin/user_upload/National/FAL_commun/publications/National/Revue_Chambres-agriculture_1046_octobre_2015.pdf



Commentaire de l’indicateur

Le blé tendre est la première céréale produite en France, matière première de la farine panifiable.

Le rendement en blé tendre met en évidence les améliorations techniques ainsi que les effets du changement climatique sur une grande culture céréalière.

La région Centre - Val de Loire est avant tout une région productrice de céréales, celle‑ci occupant plus de la moitié de la surface agricole utile (SAU). En 2020, le blé tendre représente 553 265 hectares (ha) cultivés, soit 48 % de la sole céréalière régionale.

Depuis les années 1950 et jusqu’à la fin des années 1990, les rendements régionaux en blé tendre ont augmenté de façon nette et régulière (+1,14 q/ ha/an en région Centre - Val de Loire), ce qui a permis de passer d’environ 17 q/ha (moyenne 1931-1949) à plus de 66 q/ha (moyenne 1986-2003). Cet accroissement spectaculaire s’explique par l’amélioration variétale, combinée à l’accroissement de la technicité de culture (préparation de sol, semis, engrais, protection phytosanitaire, récolte).

A la fin des années 1990, une interruption assez brutale de cette progression, suivie par un net plafonnement des rendements est observée. Le même phénomène est également visible sur l’ensemble de la France (et même en Europe) avec quelques nuances, l’année de rupture se situant entre 1991 et 2000 suivant le département (Ray et al., 2012). En région, en 2020 selon Agreste, le rendement moyen du blé tendre s’établit à 60 quintaux par hectare, soit 7 quintaux de moins que la moyenne quinquennale 2015-2019.

Le changement climatique explique en grande partie le plafonnement des rendements en blé tendre observé dans notre région depuis les années 2000 (Brisson & Levrault, 2010). Deux facteurs climatiques sont à l’origine de cette stagnation de rendement : l’augmentation de l’échaudage et l’augmentation de la période de stress hydrique pendant l’élongation de la tige et le remplissage des grains (Gate et al., 2009). L’occurrence accrue de ces accidents physiologiques d’origine climatique peut même induire une diminution du rendement comprise entre -0,2 et -0,5 q/ha/an.



Pour en savoir plus :

Observatoire Régional sur l’Agriculture et le Changement Climatique (ORACLE) Centre‑Val de Loire

https://centre-valdeloire.chambres-agriculture.fr/agroenvironnement/le-changement-climatique/

DRAAF Centre-Val de Loire

http://draaf.centre-val-de-loire.agriculture.gouv.fr

Brisson, N., et al., Why are wheat yields stagnating in Europe ? A comprehensive data analysis for France. Field Crops Res. (2010)

https://www.researchgate.net/publication/222711506_Les_causes_du_plafonnement_du_rendement_du_ble_en_France_d’abord_une_origine_climatique

Lin and Huybers, Reckoning wheat yield trends (2012 )

https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/7/2/024016/meta



6.3 Adaptation et atténuation

Commentaire de l’indicateur

Les prélèvements en eau désignent la quantité d’eau prélevée dans le milieu naturel puis rejetée après utilisation (donc à nouveau disponible), tandis que la consommation correspond à une quantité d’eau prélevée, réellement consommée, absorbée.

Selon la Banque Nationale des Prélèvements en Eau (BNPE), près de 1,34 milliards de m³ d’eau ont été prélevés en région Centre-Val de Loire en 2018 : 46 % pour la production d’énergie, 26 % pour l’irrigation, 15 % pour la consommation d’eau potable, 11 % pour les canaux et 2 % pour l’industrie. Le secteur de l’énergie pour le refroidissement des centrales nucléaires restitue plus de 70 % de l’eau au milieu après usage, le prélèvement majoritaire de l’eau est donc l’irrigation des cultures (49 %), suivi de l’alimentation en eau potable (27 %). La région Centre-Val de Loire est une région de grandes cultures, ce qui explique que la part des prélèvements à usage agricole représente plus du double de la part des prélèvements pour cet usage au niveau national (19 %) en 2019 selon la BNPE.

À l’échelle nationale sur la période 2012/2019, la tendance est à la diminution globale des prélèvements. Cette tendance n’est pas observable au niveau régional où les prélèvements ont augmenté à partir de 2015 mais restent stables depuis cette date. Entre 2012 et 2019, les prélèvements dédiés à la couverture des besoins en eau pour l’alimentation en eau potable et l’industrie sont stables. A l’inverse, les prélèvements pour l’irrigation montrent une variabilité interannuelle assez forte sans qu’il ne soit possible d’en tirer une tendance. Les prélèvements à usage agricole ont lieu très majoritairement en eaux souterraines. La région représente à elle seule 26 % des prélèvements d’eaux souterraines du territoire national selon la DRAAF. Les départements du Loiret, d’Eure-et-Loir et du Loir-et- Cher s’approvisionnent dans la nappe de Beauce. En 2019, le département du Loiret représentait à lui seul 40 % des prélèvements d’eau effectués au niveau régional pour l’irrigation des cultures suivi de l’Eure-et-Loir (29 %). Trois départements (Loiret, Eure-et-Loir et Loir-et-Cher) représentent 84 % du volume des prélèvements pour l’irrigation de toute la région selon les données de la BNPE.

Des tensions existent déjà sur la ressource en eau, il est donc important d’inciter les différents usagers à la sobriété. Les Assises de l’eau de juillet 2019, ont fixé l’objectif de réduire les prélèvements en eau de 10 % en cinq ans, puis de 25 % en quinze ans. Les activités de production d’énergie et l’activité agricole devront s’adapter à une moindre disponibilité de la ressource en eau.



Pour en savoir plus :

DRAAF, memento 2020

https://draaf.centre-val-de-loire.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/le_memento_2020_cle0821a5.pdf

Données sur les prélèvements en eau

https://bnpe.eaufrance.fr/prelevements-france

Rapport d’information sur la gestion des conflits d’usage en situation de pénurie d’eau

https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/rapports/cion-dvp/l15b3061/rapport-information.pdf

Varenne de l’eau

https://agriculture.gouv.fr/mots-cles/varenne-de-leau