Chapitre 6 Climat
6.2 Impacts du changement climatique

Commentaire de l’indicateur
Le portail DRIAS de Météo-France permet la mise à disposition de différentes données issues des modélisations du climat futur. Parmi ces données, le jeu DRIAS 2020 regroupe les simulations de 12 couples de modèles de l’ensemble Euro-Cordex pour le scénario RCP8.5, le scénario relativement proche de la tendance actuelle à l’échelle mondiale.
En ce qui concerne l’évolution du cumul des précipitations, les projections indiquent une tendance à la baisse des cumuls estivaux et une augmentation des cumuls hivernaux pour les scénarios RCP8.5 et RCP4.5. Il existe toutefois de fortes incertitudes qui s’expliquent notamment par le fait que la France se situe dans une zone de transition climatique à l’échelle continentale.
Les modèles s’accordent par contre sur le fait que le nombre de jours de fortes précipitations augmentera et que les événements météorologiques extrêmes seront de plus en plus fréquents. À l’horizon du milieu du siècle (2041-2070), les projections en région Centre-Val de Loire pour le scénario d’émission des gaz à effet de serre le plus pessimiste indiquent une hausse des jours de fortes précipitations (supérieures à 20 mm) par rapport à la période 1976-2005. Cette hausse est la plus forte pour une grande moitié sud de la région (+ 2 jours) selon les valeurs les plus fortes des 12 modélisations climatiques utilisées.

Commentaire de l’indicateur
Pourcentage annuel de la surface régionale touchée par la sécheresse des sols
La sécheresse est un phénomène naturel qui se traduit par un manque d’eau sur une assez longue période. Il existe plusieurs types de sécheresses : météorologique, agricole et hydrologique. L’indicateur sécheresse calculé par Météo France relate de l’évolution des sécheresses des sols, ou sécheresses agricoles, depuis 1959 en Centre-Val de Loire. La sécheresse agricole est caractérisée par un déficit en eau des sols superficiels (1 à 2 mètres de profondeur), altérant le bon développement de la végétation. Cette sécheresse dépend alors des précipitations, de l’humidité, de la température de l’air, du vent et de la nature des plantes et des sols.
Le changement climatique a des impacts sur la ressource en eau et intensifie les événements extrêmes. La tendance est à l’assèchement des sols en France sur quasiment tout le territoire et en toute saison. Le phénomène de sécheresse a des conséquences importantes sur l’environnement et les activités humaines, notamment pour le secteur agricole.
Sur le long terme, il n’y a pas d’évolution nette dans la fréquence et l’intensité des sécheresses, mais on constate une augmentation des surfaces touchées jusqu’en 1990, où on dépasse les 50% du territoire. Quelques années ont été marquées par un indicateur sécheresse particulièrement élevé : 1959, 1964, 1976, 1989, 1990, 1992, 2005, 2011 et 2022. A partir de 1982, la moyenne glissante sur 11 ans de surfaces touchées par la sécheresse connaît sa plus forte augmentation et se stabilise à environ 15% jusqu’en 1994, avant de régresser et de reprendre son cours précédent.
L’année 2022 fut compliquée pour le secteur agricole. Avec des précipitations très déficitaires, l’eau dans les sols manque fortement entre janvier et mai. L’été est marqué par la chaleur et la sécheresse, entraînant de nombreux arrêtés de restriction d’irrigation dans la région.
La sécheresse en Centre-Val de Loire est un risque majeur, qui s’accentue avec le contexte de changement climatique, et qu’il est indispensable d’appréhender pour protéger les habitants et les écosystèmes. Plusieurs mesures sont mises en place pour lutter contre ses effets et favoriser notre adaptation, comme le Plan régional de prévention des risques de sécheresses, la gestion des usages de l’eau, l’amélioration des systèmes d’irrigation et la promotion de solutions agricoles alternatives.
Ces mesures s’intègrent dans une gestion plus durable de la ressource en eau et des sols, et incitent à une utilisation raisonnée dans tous les secteurs.
Info sécheresse, les données à jour sur la sécheresse
https://info-secheresse.fr/department/indicator/groundwater
Météo-France, indice d’humidité des sols https://donneespubliques.meteofrance.fr/?fond=caracteristique&caracteristique=11&caracdisp=28
Sites de données sur la sécheresse
https://www.eaufrance.fr/la-secheresse

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Bulletins de situation hydrologique (BSH)
Le Bulletin de Situation Hydrologique (BSH) est un document constitué d’un ensemble de commentaires de cartes et graphiques qui présentent l’évolution mensuelle des ressources en eau, décliné à l’échelle nationale et régionale.
Il présente l’évolution de la ressource en eau sur le mois considéré et décrit la situation quantitative des masses d’eau. Il traite notamment des précipitations, de l’état d’humidité des sols, du débit des cours d’eau et de la situation des nappes d’eau souterraines. Il fournit également une information synthétique sur les arrêtés préfectoraux pris pour limiter les usages de l’eau durant la période d’étiage.
Le BSH résulte de la collaboration entre différents producteurs et gestionnaires de données. Météo France pour les données météorologiques, les DREAL et le SCHAPI pour les débits des cours d’eau et le remplissage des barrages-réservoirs, le BRGM pour le niveau des nappes d’eau souterraine et l’OFB pour l’observation des étiages.
En 2024, le printemps météorologique (mars, avril, mai) s’est classé au 4ème rang des printemps les plus pluvieux, avec un déficit d’ensoleillement de près de 20% sur la France. Malgré la pluie et le manque de soleil, les températures restent supérieures aux normales en moyenne sur la saison.
En 2011 et 2012, la pluviométrie déficitaire persistante affecte gravement les ressources en eau de la région, les niveaux des cours d’eau et des nappes souterraines sont très bas, et les débits des cours d’eau sont faibles, représentatifs d’une année sèche à très sèche.
La tendance s’inverse en 2013 avec une pluviométrie excédentaire qui bénéficie aux cours d’eau dont les débits sont supérieurs à très supérieurs aux normales de saison, ainsi qu’aux nappes d’eau souterraines qui atteignent des niveaux qui n’avaient plus été observés depuis plusieurs années en cette saison.
En 2019 l’état quantitatif des ressources en eau se dégrade, provoquant une relative sécheresse des sols et des insuffisances d’écoulement sur la majorité de la région. En 2023, les apports en pluie sont faibles malgré des excédents au nord-ouest de la région, les sols sont asséchés, les débits des cours d’eau bien que peu impactés restent faibles et les niveaux des nappes souterraines sont majoritairement en baisse. En 2024 la situation s’améliore nettement, avec des pluies en léger excédent malgré les disparités locales, des niveaux de nappes supérieurs à la normale et les débits de la plupart des cours d’eau élevés à très élevés, dépassant fréquemment deux fois la normale notamment dans le bassin du Cher.
Bulletins de Situation Hydrologique – Nationaux
https://www.eaufrance.fr/publications/bsh
Bulletins de Situation Hydrologique – Régionaux

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Le rendement et la qualité des productions viticoles sont fortement influencés par les changements climatiques. Cet indicateur nous permet de mettre en évidence que les dates de floraison de la vigne sont de plus en plus précoces, phénomène estimé à partir de l’évolution des températures.
La floraison de la vigne (débourrage des boutons floraux) est possible lorsque la vigne a accumulé une durée suffisante de températures supérieures à 10°C à partir du printemps. En dessous de 10°C, la vigne reste en dormance. Cette valeur est calculée à partir d’une somme de températures moyennes journalières.
Sur quatre cépages étudiés aux alentours de Tours, la tendance est identique : on estime que la date de floraison de la vigne a avancé de 11 à 12 jours en 45 ans (entre 1970 et 2015).
Ce nombre d’heures de température dépend du cépage concerné : chaque cépage ne nécessite pas exactement le même nombre d’heures cumulées de température.
Quel que soit le cépage, la tendance est la même : le nombre d’heures supérieures à 10°C nécessaires à la floraison est atteint plus précocement qu’il y a 50 ans. Cela conforte l’hypothèse d’un réchauffement climatique lent et progressif.
Ces conditions climatiques évoluant de façon notable, cela pourrait avoir un impact sur l’adaptation des cépages aux territoires. Le projet CLIMENVI, lancé par la chambre d’agriculture du Loir-et-Cher en 2018, a pour objectif l’appropriation de la connaissance acquise sur ces différents impacts par la filière viticole en région Centre-Val de Loire pour élaborer une stratégie régionale d’adaptation de la viticulture au changement climatique.
Pour en savoir plus :
Chambre d’agriculture du Loir-et-Cher, Projet CLIMENVI
Chambres d’agriculture Centre-Val de Loire, Observatoire régional de l’agriculture et du changement climatique (ORACLE version intermédiaire)
https://centre-valdeloire.chambres-agriculture.fr/fileadmin/user_upload/Centre-Val-de-Loire/122_Inst-Centre-Val-de-Loire/Agro_environnement/Climat_Air/ORACLE_version_intermediaire.pdf
Vinopôle, Actes de la journée « Esprit filière » 2016, Présentation « Le changement climatique, Quelles évolutions attendues pour les vignobles du Centre-Val de Loire ? »
https://www.vinopole-cvdl.com/fileadmin/fichiers/actes_ESPRIT_FILIERE_2016.pdf
Nadine Brisson†, Frédéric Levrault, ÉDITEURS. 2010. Changement climatique, agriculture et forêt en France : simulations d’impacts sur les principales espèces. Le Livre Vert du projet CLIMATOR (2007-2010). ADEME. 336 p.
Chambres d’agriculture, L’agriculture face au changement climatique

Commentaire de l’indicateur
Le blé tendre est la première céréale produite en France, matière première de la farine panifiable.
Le rendement en blé tendre met en évidence les améliorations techniques ainsi que les effets du changement climatique sur une grande culture céréalière.
La région Centre - Val de Loire est avant tout une région productrice de céréales, celle‑ci occupant plus de la moitié de la surface agricole utile (SAU). En 2020, le blé tendre représente 553 265 hectares (ha) cultivés, soit 48 % de la sole céréalière régionale.
Depuis les années 1950 et jusqu’à la fin des années 1990, les rendements régionaux en blé tendre ont augmenté de façon nette et régulière (+1,14 q/ ha/an en région Centre - Val de Loire), ce qui a permis de passer d’environ 17 q/ha (moyenne 1931-1949) à plus de 66 q/ha (moyenne 1986-2003). Cet accroissement spectaculaire s’explique par l’amélioration variétale, combinée à l’accroissement de la technicité de culture (préparation de sol, semis, engrais, protection phytosanitaire, récolte).
A la fin des années 1990, une interruption assez brutale de cette progression, suivie par un net plafonnement des rendements est observée. Le même phénomène est également visible sur l’ensemble de la France (et même en Europe) avec quelques nuances, l’année de rupture se situant entre 1991 et 2000 suivant le département (Ray et al., 2012). En région, en 2020 selon Agreste, le rendement moyen du blé tendre s’établit à 60 quintaux par hectare, soit 7 quintaux de moins que la moyenne quinquennale 2015-2019.
Le changement climatique explique en grande partie le plafonnement des rendements en blé tendre observé dans notre région depuis les années 2000 (Brisson & Levrault, 2010). Deux facteurs climatiques sont à l’origine de cette stagnation de rendement : l’augmentation de l’échaudage et l’augmentation de la période de stress hydrique pendant l’élongation de la tige et le remplissage des grains (Gate et al., 2009). L’occurrence accrue de ces accidents physiologiques d’origine climatique peut même induire une diminution du rendement comprise entre -0,2 et -0,5 q/ha/an.
Pour en savoir plus :
Observatoire Régional sur l’Agriculture et le Changement Climatique (ORACLE) Centre‑Val de Loire
https://centre-valdeloire.chambres-agriculture.fr/agroenvironnement/le-changement-climatique/
DRAAF Centre-Val de Loire
http://draaf.centre-val-de-loire.agriculture.gouv.fr
Brisson, N., et al., Why are wheat yields stagnating in Europe ? A comprehensive data analysis for France. Field Crops Res. (2010)
https://www.researchgate.net/publication/222711506_Les_causes_du_plafonnement_du_rendement_du_ble_en_France_d’abord_une_origine_climatique
Lin and Huybers, Reckoning wheat yield trends (2012 )
https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/7/2/024016/meta
6.3 Adaptation et atténuation

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Evolution des prélèvements en eau par usage
Les prélèvements en eau désignent la quantité d’eau prélevée puis en partie rejetée dans le milieu naturel après utilisation en fonction des usages, tandis que la consommation correspond à la quantité d’eau prélevée et réellement consommée, sans retour au milieu naturel.
Selon la Banque Nationale des Prélèvements en Eau (BNPE), près de 1,4 milliards de m3 d’eau ont été prélevés en région Centre-Val de Loire en 2022 (hors turbinage), dont 45% pour la production d’énergie, 26% destinés à l’irrigation, 16% à la production d’eau potable, 12% aux canaux et 2% à l’industrie.
Entre 2012 et 2021, les prélèvements dédiés à l’alimentation en eau potable et à l’industrie sont stables. A l’inverse, les prélèvements pour l’irrigation, qui ont lieu très majoritairement en eaux souterraines et à la période où les niveaux des nappes sont au plus bas, montrent une variabilité interannuelle assez forte.
La région représente à elle seule 26 % des prélèvements d’eaux souterraines du territoire national selon les chiffres de la BNPE, et la 4ème région la plus consommatrice d’eau pour l’irrigation en France. L’irrigation dans les départements du Loiret (45), d’Eure-et-Loir (28) et du Loir-et-Cher (41) dépendent majoritairement de la nappe de Beauce. En 2022, ces trois départements représentaient 83% du volume des prélèvements d’eaux souterraines pour l’irrigation de toute la région.
Les tensions se renforcent sur la ressource en eau, il est donc important d’inciter les différents usagers à la sobriété, et tous les usages de l’eau devront s’adapter à une moindre disponibilité de la ressource en eau. Le Plan Eau en mars 2023 a fixé un objectif à l’échelle nationale de réduction des prélèvements de 10% d’ici 2030 par rapport à 2019, objectif que le bassin Loire-Bretagne inscrit également dans son plan d’adaptation au changement climatique.
Pour en savoir plus :
Données de la BNPE sur les prélèvements en eau
https://bnpe.eaufrance.fr/prelevements-france
Enjeux et usages des prélèvements et consommations d’eau
https://www.strategie.gouv.fr/publications/prelevements-consommations-deau-enjeux-usages
Etat des lieux de la ressource en eau en Centre-Val de Loire

