Chapitre 6 Climat
6.1 Observation du changement climatique
Commentaire de l’indicateur
En France métropolitaine, la température moyenne annuelle progresse depuis les années 70. En région Centre-Val de Loire, l’écart à la référence (moyenne sur la période 1976-2005) de la température moyenne annuelle varie selon les périodes.
En effet, entre le début des années 1970 et la fin des années 1980, les écarts sont majoritairement inférieurs (de l’ordre de moins 1°C) à la moyenne de référence. À l’inverse, à partir du début des années 1990 les températures moyennes annuelles sont quasi systématiquement supérieures à la référence et augmentent progressivement jusqu’en 2015, où l’écart se situe autour de +1°C.
En région Centre-Val de Loire, les projections climatiques montrent une poursuite du réchauffement annuel jusqu’aux années 2050, quel que soit le scénario. Pour le scénario RCP 8.5 (correspondant à un scénario sans politique climatique), l’écart à la référence de la température moyenne peut atteindre les +2°C en 2050. L’écart est également important pour le scénario 4.5 (correspondant à un scénario avec des politiques climatiques visant à stabiliser les concentrations en CO2) et pourrait atteindre les +1,5°C en 2050. Enfin, même en cas de politiques visant à diminuer les concentrations de CO2 (RCP 2.6), une hausse des températures pourrait être constatée, de l’ordre de +1,3°C environ en 2050. Sur la seconde moitié du XXIe siècle, l’évolution de la température moyenne annuelle diffère significativement selon le scénario considéré. Le seul qui stabilise le réchauffement est le scénario RCP 2.6 (lequel intègre une politique climatique visant à faire baisser les concentrations en CO2). Selon le RCP 8.5 (scénario sans politique climatique), le réchauffement pourrait atteindre 4°C à l’horizon 2100.
6.3 Impacts du changement climatique
Commentaire de l’indicateur
Si les modélisations climatiques prévoient une hausse globale des températures, celle-ci se matérialisera aussi par une fréquence plus élevée de jours anormalement chauds et des jours de gel moins nombreux. Le nombre annuel de jours anormalement chauds au printemps et en été en région Centre-Val de Loire pourraient ainsi doubler d’ici à 2100 tandis que les jours de gel au printemps tendraient à passer de 8 à 2 par an.
Ces jours de températures « extrêmes » vont avoir un impact additionnel à l’évolution globale des températures. En effet le dépassement d’un seuil de 25°C entre mi‑mai et fin juillet entraînera pour le blé par exemple un phénomène d’échaudage, c’est-à-dire un arrêt de remplissage du grain et donc des pertes de rendements.
Inversement un nombre de jours de gel en baisse au printemps pourrait laisser espérer une diminution des dégâts sur les bourgeons. Toutefois l’accroissement moyen des températures s’accompagne également d’une augmentation de leur variabilité ce qui ne permet pas de conclure à une diminution du risque purement climatique. Cette hausse va également provoquer l’avancée des floraisons exposant les bourgeons plus précocement au gel.
Au regard de ces impacts potentiels, il est important d’informer et d’accompagner les agriculteurs pour leur permettre d’anticiper les effets du changement climatique en adaptant leurs pratiques et systèmes de cultures. Les Chambres d’agriculture de la région Centre-Val de Loire ont entrepris de mettre en place un Observatoire Régional de l’Agriculture et du Changement cLimatiquE (ORACLE). Il fournira d’une part des indicateurs climatiques, agro-climatiques et d’autre part des informations sur les possibles impacts agricoles afin d’anticiper les facteurs de risques pour leurs productions. Il inclura également des indicateurs des mesures d’atténuation et d’adaptation mises en œuvre par les agriculteurs.
Commentaire de l’indicateur
Le portail DRIAS de Météo-France permet la mise à disposition de différentes données issues des modélisations du climat futur. Parmi ces données, le jeu DRIAS 2020 regroupe les simulations de 12 couples de modèles de l’ensemble Euro-Cordex pour le scénario RCP8.5, le scénario relativement proche de la tendance actuelle à l’échelle mondiale.
En ce qui concerne l’évolution du cumul des précipitations, les projections indiquent une tendance à la baisse des cumuls estivaux et une augmentation des cumuls hivernaux pour les scénarios RCP8.5 et RCP4.5. Il existe toutefois de fortes incertitudes qui s’expliquent notamment par le fait que la France se situe dans une zone de transition climatique à l’échelle continentale.
Les modèles s’accordent par contre sur le fait que le nombre de jours de fortes précipitations augmentera et que les événements météorologiques extrêmes seront de plus en plus fréquents. À l’horizon du milieu du siècle (2041-2070), les projections en région Centre-Val de Loire pour le scénario d’émission des gaz à effet de serre le plus pessimiste indiquent une hausse des jours de fortes précipitations (supérieures à 20 mm) par rapport à la période 1976-2005. Cette hausse est la plus forte pour une grande moitié sud de la région (+ 2 jours) selon les valeurs les plus fortes des 12 modélisations climatiques utilisées.
Commentaire de l’indicateur
La vulnérabilité au stress hydrique des forêts risque d’être renforcée par une exposition à des périodes de sécheresse plus fréquentes et plus sévères sans que l’on puisse actuellement les quantifier précisément.
Outre l’impact sur leur productivité ces sécheresses auront pour effet de rendre les peuplements forestiers plus vulnérables à d’autres évènements climatiques extrêmes comme les tempêtes et les feux de forêts. En effet, la réduction de la teneur en eau des végétaux en situation de stress hydrique les rend plus inflammables ; il en est de même, dans une moindre mesure, pour la biomasse au sol liée aux dépérissements des peuplements végétaux.
Les conditions météorologiques propices aux départs de feux seront aussi de plus en plus fréquentes. « L’Indice feux de forêts météorologique », calculé par MétéoFrance à partir de données de température, d’humidité de l’air, de vitesse du vent et de précipitations, rend ainsi compte de la fréquence de ces conditions. En s’intéressant à la surface du territoire régional où cet indice a dépassé la valeur de sensibilité plus d’un mois dans l’année, la moyenne décennale fait apparaître une accentuation de ce risque depuis le milieu des années 1980.
Dans la région, les forêts de Sologne et de Touraine y sont particulièrement sensibles du fait des peuplements de pin dont les aiguilles constituent au sol un matériau fortement combustible et des sous-étages forestiers composés de landes sèches et de Fougère aigle.
Les cartographies ci-contre ont été produites dans le cadre de la mission d’inspection conjointe sur l’extension future des zones à risque élevé d’incendie de forêt par intervention conjointe des services de Météo-France, de l’IFN et de l’ONF. La modélisation à l’horizon 2040 montre que la forêt de Sologne présentera une vulnérabilité particulière aux feux de forêt estivaux (indice de niveau 2 de sensibilité).
Commentaire de l’indicateur
Hydraulicité
Les débits moyens des cours d’eau en région Centre-Val de Loire pour les mois de septembre ont été classifiés sur 20 années par rapport à leurs débits de référence. La tendance qui regroupe les catégories d’hydraulicité d’« exceptionnellement sèche » à « sèche » (hydraulicité de 0 à 0,75 soit des débits déficitaires de plus de 25 % en comparaison de la moyenne interannuelle) est assez erratique sur l’ensemble de la période (1998 à 2017).
Des années exceptionnellement humides telles que 2013 et 2014, malgré l’application d’un lissage des variabilités hydrologiques par une moyenne glissante ne permettent pas de conclure à une évolution à la baisse des débits moyens de septembre des rivières en région.
L’analyse des indices hydrologiques réalisée par l’Onema1 permet d’observer des tendances notamment dans le sud de la France sur la sévérité, la précocité des étiages ou encore l’évolution des débits des cours d’eau ; en revanche pour la région Centre- Val de Loire les résultats ne sont pas significatifs sur ces indicateurs.
L’étude Explore 2070, ainsi qu’un projet portant sur le bassin de la Loire, le projet ICC-HydroQual2, ont étudié les conséquences des modifications climatiques sur le comportement et la qualité physico-chimique des cours d’eau et des nappes.
En premier lieu l’augmentation de la température moyenne de l’air va entraîner une hausse de l’évapotranspiration et donc une baisse des débits annuels des cours d’eau, encore accentuée en période d’étiage3 si les précipitations sont réduites en période estivale. Selon Explore 2070, au sein du bassin Loire-Bretagne le débit moyen annuel des cours d’eau devrait baisser de 10 à 40 % et la recharge des nappes souterraines serait également affectée avec une baisse comprise entre 25 et 30 % à l’horizon 2070.
D’après l’étude ICC-HydroQual, le débit d’étiage4 de la Loire et de ses principaux affluents baisserait fortement, de l’ordre de 25 à 50 % en milieu du siècle, et entre 30 et 60 % en fin du siècle. On observerait de plus un allongement des périodes d’étiages.
Pour en savoir plus :
https://professionnels.afbiodiversite.fr/sites/default/files/pdf/debits-des-rivieres.pdf www.eptb-loire.fr/wp-content/uploads/2008/01/ICC-HYDROQUAL_action-1_-Hydrologie.pdf
Commentaire de l’indicateur
Les termites sont des insectes vivant en société, organisés en castes, s’attaquant au bois et se nourrissant de matériaux contenant de la cellulose. Les termites sont des insectes xylophages pouvant occasionner des dégâts importants dans les bâtiments.
Pour tenter de limiter leur prolifération, des mesures simples doivent être mises en œuvre lors de la construction d’un bâtiment neuf et les propriétaires ou occupants qui constatent la présence de termites doivent le déclarer en mairie.
Lorsque, dans une ou plusieurs communes, des foyers de termites sont identifiés, un arrêté préfectoral délimite les zones contaminées ou susceptibles de l’être à court terme à l’échelle infra-communale. Dans la région, 4 départements sont concernés par des arrêtés préfectoraux : le Cher, l’Indre, l’Indre-et-Loire et le Loir-et-Cher. Au total, 47 communes sont concernées par ces zones dont Bourges, Saint-Maur, Châteauroux, Tournon-Saint-Martin et Selles-Saint-Denis ainsi que 42 communes situées dans l’Indre-et-Loire.
Le projet de recherche TermiCentre (porté par l’Institut de Recherche sur la Biologie de l’Insecte, Université de Tours), a mis en évidence une corrélation entre les zones d’infestation par les termites et les températures minimales hivernales de ces sites.
Avec une augmentation de 1 °C, tout l’ouest de la région Centre-Val de Loire (notamment la Gâtine tourangelle, une partie de la Beauce et l’Indre) devient favorable à l’installation de termites. Avec une hausse de 2 °C, la quasi-totalité de la région, à l’exception de la Sologne et de la forêt d’Orléans, devient favorable aux termites, entraînant ainsi la nécessité d’adapter notre habitat à la présence de cet insecte.
Pour en savoir plus :
Ministère de la transition écologique – Lutte contre les termites, insectes xylophages, mérules et champignons lignivores :
DREAL Centre-Val de Loire – Termites et insectes xylophages :
FCBA :Observatoire National Termite :
Sites des préfectures ayant pris un arrêté préfectoral relatif à la lutte contre les termites :
Site de la préfecture du Cher – Termites – Mérules
Site de la préfecture de l’Indre – Lutte contre les termites et la mérule
Site de la préfecture de l’Indre-et-Loire – Lutte contre les termites et autres insectes xylophages
Commentaire de l’indicateur
Front de colonisation de la chenille processionnaire
Des conditions hivernales moins rudes combinées à une vulnérabilité globale accrue des peuplements forestiers facilitent le développement de maladies et de parasites, même si l’augmentation des échanges commerciaux entre continents reste la principale cause d’introduction de pathogènes des arbres.
L’impact du changement climatique a pu être identifié dans le cas de la processionnaire du pin. Son aire de répartition dont la limite nord était historiquement la vallée de la Loire et a progressé à partir des années 1990 vers l’est et le nord pour couvrir à la fin de l’hiver 2016 près de 98 % du territoire régional, à l’exception de la frange nord de l’Eure-et-Loir. Son développement larvaire a lieu en hiver et des travaux de recherche ont montré que la capacité d’alimentation des larves était limitée par des seuils de température minimale. Des températures minimales plus élevées qu’auparavant sur certains territoires en lien avec le changement climatique lui permettent donc d’étendre la zone dans laquelle elle consomme les aiguilles des résineux.
Même si les peuplements forestiers sont peu impactés par ce parasite, les arbres affaiblis par d’autres facteurs (sécheresse, etc.) peuvent être affectés durablement ou devenir moins résistants à d’autres atteintes. L’expansion de l’aire de répartition de cet insecte pose également un problème sanitaire du fait de son caractère urticant. Des modifications du cycle biologique de l’espèce également liées au changement climatique pourraient venir renforcer ce problème puisque les processions et donc les risques d’allergie ne seraient plus limitées au printemps. Les études en cours à l’INRA d’Orléans permettront également de s’assurer de l’adéquation et de l’efficaité des moyens de lutte.
Pour en savoir plus :
La processionnaire du pin, bio-indicateur du réchauffement climatique. De sa biologie à la modélisation de son expansion (2017). Vidéo http://www.val-de-loire.inra.fr/Toutes-les-actualites/Chenille-processionnaire-bio indicateur-de-rechauffement-climatique-Video-Science-on-tourne-2017
C. Robinet et al, 2010. Le réchauffement climatique et le transport accidentel par l’homme responsables de l’expansion de la chenille processionnaire du pin, Forêt Wallonne n°108. https://www.foretwallonne.be/images/stories/pdffolder/fw108_19-27[ProcessPin]. pdf
Commentaire de l’indicateur
Le rendement et la qualité des productions viticoles sont fortement influencés par les changements climatiques. Cet indicateur nous permet de mettre en évidence que les dates de floraison de la vigne sont de plus en plus précoces, phénomène estimé à partir de l’évolution des températures.
La floraison de la vigne (débourrage des boutons floraux) est possible lorsque la vigne a accumulé une durée suffisante de températures supérieures à 10°C à partir du printemps. En dessous de 10°C, la vigne reste en dormance. Cette valeur est calculée à partir d’une somme de températures moyennes journalières.
Sur quatre cépages étudiés aux alentours de Tours, la tendance est identique : on estime que la date de floraison de la vigne a avancé de 11 à 12 jours en 45 ans (entre 1970 et 2015).
Ce nombre d’heures de température dépend du cépage concerné : chaque cépage ne nécessite pas exactement le même nombre d’heures cumulées de température.
Quel que soit le cépage, la tendance est la même : le nombre d’heures supérieures à 10°C nécessaires à la floraison est atteint plus précocement qu’il y a 50 ans. Cela conforte l’hypothèse d’un réchauffement climatique lent et progressif.
Ces conditions climatiques évoluant de façon notable, cela pourrait avoir un impact sur l’adaptation des cépages aux territoires. Le projet CLIMENVI, lancé par la chambre d’agriculture du Loir-et-Cher en 2018, a pour objectif l’appropriation de la connaissance acquise sur ces différents impacts par la filière viticole en région Centre-Val de Loire pour élaborer une stratégie régionale d’adaptation de la viticulture au changement climatique.
Pour en savoir plus :
Chambre d’agriculture du Loir-et-Cher, Projet CLIMENVI
Chambres d’agriculture Centre-Val de Loire, Observatoire régional de l’agriculture et du changement climatique (ORACLE version intermédiaire)
https://centre-valdeloire.chambres-agriculture.fr/fileadmin/user_upload/Centre-Val-de-Loire/122_Inst-Centre-Val-de-Loire/Agro_environnement/Climat_Air/ORACLE_version_intermediaire.pdf
Vinopôle, Actes de la journée « Esprit filière » 2016, Présentation « Le changement climatique, Quelles évolutions attendues pour les vignobles du Centre-Val de Loire ? »
https://www.vinopole-cvdl.com/fileadmin/fichiers/actes_ESPRIT_FILIERE_2016.pdf
Nadine Brisson†, Frédéric Levrault, ÉDITEURS. 2010. Changement climatique, agriculture et forêt en France : simulations d’impacts sur les principales espèces. Le Livre Vert du projet CLIMATOR (2007-2010). ADEME. 336 p.
Chambres d’agriculture, L’agriculture face au changement climatique
Commentaire de l’indicateur
La croissance et le cycle biologique de tous les végétaux sont fortement liés aux températures de l’air. Une durée prolongée de températures basses en période hivernale est nécessaire pour permettre par la suite la floraison (période de vernalisation*). Les phases de développement dépendent largement de l’accumulation de « quantités de chaleur ».
On s’attend donc à ce que l’augmentation des températures liée au changement climatique entraîne un allongement de la saison de végétation et donc une croissance plus précoce et plus longue des arbres.
Dans le cadre de programmes d’amélioration génétique du Douglas, l’INRA a enregistré les dates de floraison de cet arbre depuis 1979. Dans la région d’Orléans, jusqu’à la fin des années 1990, les températures printanières se sont accumulées de plus en plus vite ce qui a engendré une avancée de 15 jours des dates de floraison. A partir de cette date, il est vraisemblable qu’un autre mécanisme s’est mis en jeu : les températures hivernales devenant de plus en plus élevées, le nombre de jours de froids indispensables à la vernalisation des bourgeons a nécessairement augmenté. Ce mécanisme interférant avec le précédent, est probablement la cause du palier actuellement observé au niveau des dates de floraison. La poursuite des observations permettra de savoir s’il s’agit d’un palier ou d’un début d’inversion de tendance.
Le changement climatique s’accompagne également d’une augmentation du CO2 dans l’atmosphère qui devrait avoir pour effet de renforcer la croissance et la productivité des arbres en stimulant la photosynthèse. D’un autre côté, les déficits de ressources en eau prévus par les modélisations du changement climatique amèneront les arbres à être plus souvent en stress hydrique ; ce qui devrait jouer sur leur productivité. La modification des conditions climatiques pose la question de l’adaptation des essences à leur territoire et de l’impact sur leur croissance et leur productivité.
* Période de froid subie par une plante, nécessaire pour la faire passer du stade végétatif au stade reproductif, c’est-à-dire pour enclencher la floraison.
Commentaire de l’indicateur
La hausse des températures moyennes devrait induire une croissance et une floraison des végétaux plus précoce et donc une période plus longue de production des pollens. L’augmentation de la teneur en CO2 dans l’air favorise la photosynthèse et devrait favoriser l’augmentation de la production de pollens.
Elle est déjà observable pour le bouleau, très présent dans les aménagements paysagers en ville. Les teneurs de son pollen dans l’air sont suivies par le RNSA (Réseau National de Surveillance Aérobiologique), du fait de son fort effet allergique. La vulnérabilité des populations à ces pollens va être accrue par d’autres facteurs liés au changement climatique, comme les fortes concentrations d’ozone dans l’air, liées aux fortes chaleurs, qui ont pour effet d’irriter les voies respiratoires.
L’accroissement des concentrations dans l’air de pollens d’ambroisie, très allergisants, est également à redouter. Selon une étude du CNRS publiée en 2015, un tiers de cette augmentation serait dû à la dispersion des graines de cette plante invasive par les cours d’eau, les transports routiers et ferroviaires, et les pratiques agricoles. Les deux tiers des cas auraient pour origine le réchauffement climatique qui accroît la zone favorable à l’implantation de l’ambroisie, vers le nord et le nord-est du pays.
Commentaire de l’indicateur
Les modélisations des effets du changement climatique prévoient une augmentation des températures journalières moyennes mais également une augmentation de la fréquence et de la sévérité des vagues de chaleur, c’est-à-dire des périodes de plusieurs jours consécutifs présentant des températures anormalement élevées. Ces vagues de chaleur vont provoquer des difficultés chez les personnes les plus âgées (à partir de 65 ans pour les femmes et 75 ans pour les hommes) dont la capacité de transpiration se réduit au-delà de 48h de stimulation ininterrompue. La région Centre-Val de Loire sera particulièrement touchée, cette tranche de population étant plus importante au niveau régional qu’au niveau national. De plus les modélisations d’évolution de la population régionale montrent que la population plus âgée sera de plus en plus importante (+57 % entre 2019 et 2050).
Les effets du changement climatique peuvent être renforcés par de nombreux facteurs rendant la population plus vulnérable à ces effets : l’âge mais également les caractéristiques de l’habitat puisque des villes « très minérales » restituent au cours de la nuit la chaleur accumulée dans la journée. L’adaptation passe donc par la réintégration du végétal et de l’eau dans les espaces publics afin de les rafraîchir.
L’accès à la ressource en eau constituera un enjeu important, l’eau potable étant nécessaire pour réduire la vulnérabilité des populations ; elle risque également de manquer pour limiter d’autres risques liés au changement climatique. Les risques d’incendies sont aussi plus élevés lors d’une vague de chaleur et viennent encore renforcer la vulnérabilité des populations, notamment en entraînant une dégradation de la qualité de l’air.
Commentaire de l’indicateur
Le blé tendre est la première céréale produite en France, matière première de la farine panifiable.
Le rendement en blé tendre met en évidence les améliorations techniques ainsi que les effets du changement climatique sur une grande culture céréalière.
La région Centre - Val de Loire est avant tout une région productrice de céréales, celle‑ci occupant plus de la moitié de la surface agricole utile (SAU). En 2020, le blé tendre représente 553 265 hectares (ha) cultivés, soit 48 % de la sole céréalière régionale.
Depuis les années 1950 et jusqu’à la fin des années 1990, les rendements régionaux en blé tendre ont augmenté de façon nette et régulière (+1,14 q/ ha/an en région Centre - Val de Loire), ce qui a permis de passer d’environ 17 q/ha (moyenne 1931-1949) à plus de 66 q/ha (moyenne 1986-2003). Cet accroissement spectaculaire s’explique par l’amélioration variétale, combinée à l’accroissement de la technicité de culture (préparation de sol, semis, engrais, protection phytosanitaire, récolte).
A la fin des années 1990, une interruption assez brutale de cette progression, suivie par un net plafonnement des rendements est observée. Le même phénomène est également visible sur l’ensemble de la France (et même en Europe) avec quelques nuances, l’année de rupture se situant entre 1991 et 2000 suivant le département (Ray et al., 2012). En région, en 2020 selon Agreste, le rendement moyen du blé tendre s’établit à 60 quintaux par hectare, soit 7 quintaux de moins que la moyenne quinquennale 2015-2019.
Le changement climatique explique en grande partie le plafonnement des rendements en blé tendre observé dans notre région depuis les années 2000 (Brisson & Levrault, 2010). Deux facteurs climatiques sont à l’origine de cette stagnation de rendement : l’augmentation de l’échaudage et l’augmentation de la période de stress hydrique pendant l’élongation de la tige et le remplissage des grains (Gate et al., 2009). L’occurrence accrue de ces accidents physiologiques d’origine climatique peut même induire une diminution du rendement comprise entre -0,2 et -0,5 q/ha/an.
Pour en savoir plus :
Observatoire Régional sur l’Agriculture et le Changement Climatique (ORACLE) Centre‑Val de Loire
https://centre-valdeloire.chambres-agriculture.fr/agroenvironnement/le-changement-climatique/
DRAAF Centre-Val de Loire
http://draaf.centre-val-de-loire.agriculture.gouv.fr
Brisson, N., et al., Why are wheat yields stagnating in Europe ? A comprehensive data analysis for France. Field Crops Res. (2010)
https://www.researchgate.net/publication/222711506_Les_causes_du_plafonnement_du_rendement_du_ble_en_France_d’abord_une_origine_climatique
Lin and Huybers, Reckoning wheat yield trends (2012 )
https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/7/2/024016/meta
6.4 Adaptation et atténuation
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Les Plans Climat Air Énergie Territoriaux (PCAET) sont des projets qui s’élaborent et s’appliquent à l’échelle d’un territoire intercommunal et mobilisent tous les acteurs du territoire sur ces thématiques. Ils sont obligatoires pour les EPCI (intercommunalités) de plus de 20 000 habitants ; soit 38 EPCI en région Centre-Val de Loire. Cette obligation devrait permettre d’agir sur les territoires où les émissions de gaz à effet de serre (GES) sont les plus importantes, à l’exception du territoire de la Communauté de communes de la Beauce Loiretaine, qui ne fait pas partie des territoires concernés par l’obligation d’élaborer un PCAET bien qu’étant à l’origine d’émissions importantes.
Au-delà de la réduction des GES, les PCAET visent également la sobriété énergétique, la qualité de l’air, le développement des énergies renouvelables et l’adaptation au changement climatique. Ces orientations sont également traitées dans d’autres politiques publiques sectorielles ou à d’autres échelles, principalement nationale ou régionale, et le PCAET a alors pour rôle d’assurer une cohérence entre ces politiques à l’échelle du territoire.
Les politiques publiques, notamment locales, prévoient principalement des mesures pour limiter les mécanismes à l’origine du changement climatique (mesures d’atténuation), c’est-à-dire à stabiliser les concentrations en GES dans l’atmosphère. L’autre démarche des politiques publiques est l’adaptation au changement climatique, mais elle est peu intégrée, sans doute par manque de connaissances des effets du changement climatique à l’échelle locale. Une étude réalisée en 2015 par l’Établissement public Loire révèle que la gestion quantitative de l’eau et du risque d’inondation sont les domaines les mieux pris en compte concernant l’adaptation au changement climatique dans les documents de planification du bassin de la Loire (SDAGE, PGRI, SRCAE, SAGE, PCET et Agendas 21,…). Seuls 4 SAGE sur 36 réalisés en 2015 intégraient la notion d’adaptation dans des mesures concrètes. Par ailleurs, les Plans de Prévention du Risque d’Inondation (PPRI) n’intègrent pas non plus la problématique du changement climatique en tant que telle.
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L’agroforesterie désigne l’association d’arbres avec des productions agricoles (culture ou élevage) sur une même parcelle. Il s’agit d’une pratique ancienne abandonnée en Occident pour des pratiques de cultures intensives qui ont conduit à l’arrachage systématique des arbres.
L’agroforesterie contribue à l’atténuation du changement climatique en augmentant le stockage de carbone dans les parties aériennes de l’arbre mais aussi dans la matière organique incorporée dans le sol grâce aux racines des arbres. Ces systèmes constituent également une adaptation au changement climatique en protégeant les cultures ou les animaux des excès et accidents climatiques (vent, tempêtes, inondation : actions anti-érosives, sécheresse). Les systèmes racinaires des arbres augmentent la réserve utile en eau des sols, améliorent l’infiltration du ruissellement, limitent l’évaporation du sol et permettent donc de s’adapter à une raréfaction de la ressource en eau.
Une grande diversité d’aménagements agroforestiers est possible : alignements intraparcellaires, haies, arbres émondés, arbres isolés, bords de cours d’eau (ripisylves). En 2016, Les alignements d’arbres en intraparcellaire représentent près de 150 hectares installés sur 24 exploitations réparties sur toute la région.
L’INRA mène en région des expérimentations (Nouzilly) et un site pédagogique à l’établissement public local d’enseignement et de formation professionnelle agricole a été mis en place à Bourges. Un programme de recherche (SPEAL) est en cours pour tester des variétés d’arbres adaptées à l’agroforesterie : érable sycomore, l’alisier torminal, le cormier et le merisier Avessac, etc.
L’association d’Agroforesterie de la Région Centre-Val de Loire (A2RC), créée en 2015, promeut ces systèmes et accompagne les agriculteurs porteurs de projets.
Commentaire de l’indicateur
De nombreuses politiques visant à améliorer la qualité de l’air contribuent également à la lutte contre le réchauffement climatique par la réduction simultanée de l’émission de polluants, et de gaz à effet de serre (GES).
Dans le domaine de la mobilité le premier levier repose sur l’utilisation de véhicules moins polluants, à condition dans le cas des véhicules électriques ou hybrides que l’électricité utilisée soit produite de manière décarbonée. En région Centre-Val de Loire, sur la période 2006-2018, le nombre de véhicules électriques ou hybrides est ainsi passé d’une centaine à plus de 16 000. Le nombre de véhicules avec d’autres types de motorisation est toutefois resté supérieur à 1 250 000 et représente donc encore près de 99 % du parc automobile.
La réduction de l’impact environnemental des transports passe également par la promotion de solutions permettant de limiter l’usage de la voiture en favorisant le covoiturage ou d’autres alternatives comme les transports en commun ou le vélo. Des expérimentations sont également menées pour réduire les émissions de GES par les transports en commun : SNCF réseaux travaille ainsi sur l’optimisation de la traction électrique via le photovoltaïque sur les sous-stations, ou la réutilisation de l’énergie du freinage.
Le développement des mobilités actives (vélo ou marche) contribue aussi à l’adaptation au changement climatique en favorisant une bonne forme physique, qui est un facteur de réduction de la vulnérabilité des populations aux impacts du changement climatique.
Enfin les réflexions portent également sur des changements de pratiques pour limiter les déplacements (« dé-mobilité », télétravail), ce qui permet de limiter les émissions de GES.
Commentaire de l’indicateur
La consommation en énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz naturel) est responsable d’émissions importantes de GES et contribue fortement au changement climatique. L’atténuation passe donc par des mesures de réduction de la consommation de ces énergies, qui sont de plus « épuisables ».
En région Centre Val-de-Loire, comme au niveau national, cette réduction de la consommation en énergies fossiles est amorcée depuis plusieurs décennies et se poursuit : entre 2008 et 2017, elle a ainsi diminué de 15 %. Ce résultat reste insuffisant pour atteindre les objectifs (-22% entre 2008 et 2020 dans le SRCAE; -43% entre 2014 et 2050 dans le SRADDET) et pour infléchir les courbes du réchauffement climatique. Le développement des énergies renouvelables doit s’accompagner d’une maîtrise de la demande en énergie.
Dans tous les secteurs, un des moyens pour limiter la consommation en énergie réside dans la performance énergétique des constructions et des procédés : choix des matériaux, mesures et gestion optimisée de l’énergie, réduction des pertes (isolation…). A ce titre, la prochaine RE 2020, plus ambitieuse sur la consommation énergétique des bâtiments, intègrera l’impact carbone sur l’ensemble du cycle de vie du bâtiment pour limiter les émissions de GES.
Les différents piliers de l’économie circulaire constituent des pistes d’actions : écologie industrielle et territoriale (EIT), écoconception, réutilisation, recyclage. Un programme d’expérimentation d’EIT sur 7 zones d’activités pilotes a par exemple été lancé en janvier 2017 par l’ADEME, la Région Centre-Val de Loire, la Chambre Régionale des Métiers et de l’Artisanat (CRMA) et la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) Centre-Val de Loire.
La réduction des dépenses énergétiques passe également par des réflexions en termes d’aménagement du territoire (pour limiter par exemple le besoin en transport) et de modes de vie. Les réflexions sur les mesures d’adaptation au changement climatique sont également très complémentaires des mesures visant l’atténuation afin d’éviter la « mal adaptation » qui conduirait à des dépenses énergétiques accrues, telle que la mise en place de climatiseurs pour répondre à la problématique de l’augmentation des températures moyennes.
Commentaire de l’indicateur
La forêt joue un rôle important dans l’atténuation du changement climatique à travers trois leviers : séquestration, stockage et substitution.
La forêt séquestre du carbone à hauteur de 14 à 16 % des émissions de gaz à effet de serre, les sols forestiers venant encore renforcer ce rôle de « puits » de carbone. La capacité des arbres à séquestrer du carbone supplémentaire diminue toutefois au fur et à mesure de leur vieillissement tandis que leur vulnérabilité augmente, avec le risque d’un « relargage » rapide dans l’atmosphère du carbone séquestré dans le cas d’un incendie ou d’un dépérissement à large échelle. Une sylviculture dynamique permet donc de bénéficier de l’effet de séquestration lorsqu’il est maximal puis d’actionner deux autres leviers par l’exploitation et la valorisation des produits bois. Les produits bois stockent également du carbone pendant la durée de leur utilisation qui peut être relativement longue comme dans le cas des matériaux de construction en bois.
De plus l’intérêt majeur des produits bois dans la lutte contre le changement climatique réside dans le fait qu’ils viennent se substituer à d’autres matériaux énergivores dont la production et la transformation entraînent l’émission de gaz à effet de serre. Entre 2014 et 2016, la construction bois en maison individuelle et secteur diffus a augmenté de 24 % en région Centre Val-de-Loire et sa part de marché est passée de 5,4 % à 6,5 %, ce qui reste toutefois inférieur à la moyenne nationale à hauteur de 9,1 %. Son utilisation comme bois énergie a un bilan carbone neutre et permet également d’éviter des émissions de carbone liées à l’usage d’énergies fossiles.
Commentaire de l’indicateur
Le dérèglement climatique se traduit en été par des périodes de canicule de plus en plus fréquentes. Ce réchauffement climatique estival est amplifié dans les villes par l’effet d’îlot de chaleur urbain (ICU) : les températures mesurées en ville sont supérieures de plusieurs degrés à celles de la campagne environnante (+ 3 °C en moyenne sur l’année dans les villes importantes). Ce dôme d’air plus chaud est engendré par la ville, sa morphologie, ses matériaux, ses activités, et il influence en retour, le climat urbain (températures, précipitations), les taux et la répartition des polluants, le confort des citadins, la santé publique.
Différentes méthodes d’aménagement existent pour diminuer ce phénomène. L’urbanisme et les formes urbaines notamment, la place de l’eau dans la ville. Toutefois, en redonnant une place plus grande au végétal, on contribue de manière significative à une amélioration du confort thermique, de la biodiversité, de la qualité de l’air et du cadre de vie.
100 m² d’arbres en cœur de milieu urbain, permettent d’atténuer la température de 1 °C dans les rues adjacentes sur 100 m.
Corine land cover caractérise le pourcentage de couverture arborée en zones urbaines, agricoles ou forestières. Pour un échantillon des principales villes de la région, cette donnée permet d’approcher la surface couverte partiellement ou totalement par des arbres en milieu urbain. Pour ces villes, le pourcentage de surface arborée dans les espaces urbanisés de façon lâche ou dense varie de 12 % (Tours) à 15 % (Orléans).
Les villes doivent donc anticiper ces nouvelles donnes climatiques afin de limiter les effets tragiques des pics de chaleur. Cela passe par l’affirmation de leur identité de "ville jardin" et par les outils de planification (PCAET notamment).