Chapitre 15 Sol
15.1 Connaissance : pédologie, géologie
Commentaire de l’indicateur
Les sols tels que décrits par la base de données des sols au millionième (BDGSF), peuvent être groupés au niveau national en six grands ensembles pédologiques, dont il faut cependant garder à l’esprit la grande variabilité interne. A la diversité des sols correspondent des différences de qualité agricole, d’efficacité dans les fonctions environnementales (écosystèmes, épuration de l’eau, stockage du carbone, etc.) ou de résistance aux dégradations.
En région Centre-Val de Loire, les sols des formations limoneuses sont les plus abondants (44% de la surface du territoire). Les 3/4 de leur surface sont occupés par l’agriculture et le reste par de la forêt. Ils jouent un rôle efficace dans l’épuration de l’eau, et sont très sensibles à l’érosion. Ils sont particulièrement présents en Beauce, dans le Perche, le Thymerais, en Touraine, et dans le Gâtinais, etc.
Les sols des roches calcaires occupent 20 % du territoire régional et sont plus particulièrement présents dans le Berry, la Champagne Berrichonne, le Sancerrois et la Beauce.
Les sols des matériaux sableux (12 %) sont caractéristiques de la Sologne, de la Brenne, des Gâtines de Loches et du Boischaut nord.
Autres sols présents mais dispersés en région, les sols des matériaux argileux (10 %), que l’on retrouve dans le Boischaut Sud, la Touraine, les Gâtines de Loches, le Thymerais et la limite sud de la Beauce.
15.2 Occupation des sols
Commentaire de l’indicateur
A l’échelle nationale, selon les fichiers fonciers, entre 20 000 et 30 000 ha d’espaces naturels, forestiers et essentiellement agricoles deviennent des sols artificialisés en moyenne chaque année (entre 2009 et 2019). Selon Corine Land Cover, en France métropolitaine, les surfaces artificialisées ont augmenté de 1,4 % en moyenne entre 2012 et 2018. En région Centre-Val de Loire, ce taux est de +1,5 % pour la même période avec une poussée nette pour l’Indre-et-Loire (+2,7 % ), suivi du Cher ( +1,4 %). La part des sols artificialisés représente 4,4 % de la surface du territoire contre 5,2 % pour la France (hors Ile-de-France). Les terres agricoles sont les plus impactées par cette artificialisation avec 2 446 ha transformés entre 2012 et 2018 en région.
Le Loiret (6,4 %) et l’Indre-et-Loire (5,9 %) sont les départements de la région les plus artificialisés. L’Indre est le département qui compte le moins de sols artificialisés (2,3 %).
Les sols à usage agricole couvrent 72 % de la région alors que ce taux est de 51 % pour la France. Les départements les plus agricoles sont l’Eure-et- Loir avec 83,6 % de la surface du sol consacrée à l’agriculture et le Cher avec 72 %. A contrario, le Loir-et-Cher ne consacre que 61 % de la surface de ses sols à l’agriculture, les forêts et milieux naturels représentent plus de 34 % de son territoire, c’est de loin le taux le plus élevé de la région. Les pertes de terres agricoles se réalisent au profit presque exclusivement de l’habitat individuel et dans une moindre mesure au profit de la construction d’infrastructures.
Ainsi, il existe une très forte corrélation entre l’augmentation de l’habitat individuel notamment aux périphéries des grandes agglomérations, la consommation d’espace agricole et l’artificialisation des sols.
Selon une source de données complémentaire (les Fichiers Fonciers permettant le suivi annuel de la consommation d’espaces par le bâti, hors infrastructures), entre 2009 et 2018, l’artificialisation en région a progressé de près de 1600 ha chaque année, mais il existe une disparité entre les départements : dans l’Indre les nouvelles surfaces artificialisées s’élèvent à 1610 ha durant cette période, dans le Loiret et l’Indre-et-Loire, elles s’élèvent respectivement à 3600 et 2840 ha.
La France, en conformité avec la politique de l’Union Européenne, a inscrit l’objectif « Zéro Artificialisation Nette » (ZAN) dans son Plan Biodiversité du 4 juillet 2018. La loi Climat et Résilience du 24 août 2021 fixe cet objectif pour 2050 à l’échelle nationale et préconise dans les 10 ans à venir, une réduction par deux du rythme d’artificialisation constaté ces 10 dernières années. La compensation d’une éventuelle artificialisation reste toutefois une possibilité. Plusieurs leviers pour parvenir à « Zéro Artificialisation Nette » figurent dans la loi : la densification, l’utilisation de locaux et de logements vacants, le recyclage des friches et la renaturation d’espaces artificialisés.
Pour en savoir plus :
Portail de l’artificialisation des sols
https://artificialisation.biodiversitetousvivants.fr/les-donnees-au-1er-janvier-2020
Commentaire de l’indicateur
Le terme d’artificialisation désigne la destruction des sols, ou, du moins, l’altération de leurs fonctionnalités, lors de l’urbanisation et de la mise en place d’infrastructures. L’artificialisation entraînant une réduction de l’infiltration de l’eau dans les sols, le terme "imperméabilisation" est également utilisé. L’augmentation du ruissellement accroît les risques d’inondation, amplifie les phénomènes d’érosion et peut favoriser l’apparition de coulées d’eau boueuse et les transferts de polluants vers les eaux superficielles.
L’inventaire Teruti-Lucas, sur l’utilisation des terres s’appuie sur une enquête du service statistique du ministère de l’Agriculture (AGRESTE) utilisant des photographies aériennes et des sondages par points. La dernière enquête Teruti (2014) montre que l’artificialisation se poursuit majoritairement aux dépens des sols agricoles. D’après cet inventaire, les sols artificialisés se sont fortement développés entre 2006 et 2014 (+13%). En région Centre-Val de Loire, près de 30% des sols artificialisés ont rogné ses meilleures terres agricoles. Sur la même période, les surfaces agricoles ont diminué de 2%. En revanche, les sols naturels et boisés connurent peu d’évolution.
15.3 Qualité des sols
Commentaire de l’indicateur
Les matières organiques sont constituées des produits de la décomposition des végétaux enfouis dans le sol et des organismes qui y vivent (macrofaune, bactéries, champignons, etc.). Elles sont incorporées progressivement au sol sous l’effet de deux principaux processus, la minéralisation et l’humification.
La minéralisation libère du CO2 et des nutriments disponibles pour la croissance des plantes (cycle du carbone). L’humification produit une matière organique plus stable qui sera minéralisée de façon progressive.
Les vitesses de formation des matières organiques sont fonctions de différents facteurs tels que l’abondance de micro-organismes, l’humidité, la température, l’oxygénation et le drainage du sol. La durée moyenne de formation de la matière organique est d’environ 15 ans, mais la capacité de minéralisation des sols est très variable. Les matières organiques se composent en moyenne de 58 % de carbone organique.
Pour la région Centre-Val de Loire, les valeurs de stocks de carbone organique de la partie superficielle des sols les plus élevées se trouvent localisées dans le Cher et l’Indre (principalement entre 50 et 75 T/ha), alors que les valeurs les plus basses sont plus caractéristiques du centre, du nord et du nord-est de la région (entre 25 et 50 T/ha principalement dans les zones d’agriculture intensives de la Beauce). Des évolutions dans les pratiques agricoles, l’enfouissement des résidus de culture, de fertilisants organiques issus de l’élevage ou les apports contrôlés de boues issues du traitement des eaux usées dans les secteurs favorables (Indre-et-Loire, Loir-et-Cher, et Loiret) peuvent améliorer le contenu en matières organiques du sol.
Les sols présentant le taux de carbone organique le plus faible, se trouvent généralement en grandes cultures. Le couvert végétal en hiver, comme le non-labour ou le semis direct, permettent de limiter ces inconvénients et font donc partie des pratiques culturales favorables à l’environnement.
Pour en savoir plus :
Carbone organique des sols, l’énergie de l’agro-écologie, une solution pour le climat, Ademe, 2014
Les stocks de carbone organique dans la partie superficielle des sols métropolitains, Site de l’environnement en France, GISSOL IGCS-RMQS, Inra 2017
Les stocks de carbone organique dans la partie superficielle des sols métropolitains, L’Environnement en France, mai 2019
Commentaire de l’indicateur
Pour se développer, les plantes prélèvent dans le sol trois nutriments essentiels : l’azote, le potassium et le phosphore. Ce dernier élément résulte de l’altération des roches et de la décomposition des végétaux au cours du temps et se concentre sur la couche superficielle des sols.
Afin de conserver la fertilité des sols, il est nécessaire de reconstituer le stock de phosphore par l’apport de fertilisants organiques (fumiers, lisiers, boues de stations d’épuration) ou à l’aide d’engrais minéraux. Ces apports doivent-être adaptés car, en excès, ils dégradent la qualité des eaux. Combinés aux effets d’autres éléments en trop forte densité, le phosphore, lorsqu’il atteint les eaux de surface, en favorise l’eutrophisation, dégradant ainsi la qualité de l’eau et le fonctionnement des écosystèmes.
La biodisponibilité du phosphore dépend des caractéristiques des sols et de l’exigence des plantes, autrement dit, de la capacité des plantes à extraire plus ou moins facilement le phosphore. En région Centre-Val de Loire, comme dans d’autres régions où la production agricole végétale est dominante, les sols sont considérés comme déficitaires en phosphore et les teneurs sont insuffisantes pour assurer des rendements agricoles convenables.
Entre les périodes 1994-2004 et 2005-2014, cette baisse des apports est notoire dans 65 cantons (soit 35 %) de la région Centre-Val de Loire, alors que dans 29 cantons (soit 16 % des cas), la teneur en phosphore des sols ne varie pas. Il est important de noter que 49 % des données régionales ne sont pas connues (81 cantons en données insuffisantes, 10 indéterminés). Aucun canton n’a connu d’augmentation de sa teneur en phosphore sur ces périodes.
La gestion du stock de phosphore est donc un enjeu important pour la région Centre-Val de Loire et relève d’un équilibre entre la nécessité économique et les préoccupations environnementales.
Pour en savoir plus :
Le Phosphore dans les sols, 2019. Site de l’environnement en France
Gis Sol, BDAT, 2018, d’après Gouny et al., 2016
https://www.gissol.fr/thematiques/le-phoshore-dans-les-sols-1204