Chapitre 8 Eau

8.1 Etat qualitatif


Commentaire de l’indicateur

La lutte contre la pollution diffuse par les nitrates est un enjeu important. Les concentrations de nitrates en excès dans l’eau la rendent en effet impropre à la consommation humaine, et peuvent induire des problèmes d’eutrophisation. Les ressources en eau ont, à l’état naturel, des concentrations très faibles en nitrates. Or, depuis les années 50, les concentrations en nitrates dans les milieux aquatiques ont fortement augmenté. Leur origine provient en grande partie de l’agriculture mais aussi ponctuellement de l’industrie et des eaux usées urbaines. Depuis ces années, la ressource en eau se dégrade et des captages destinés à la consommation humaine sont régulièrement abandonnés. La directive « Nitrates » a été mise en place en vue de réduire la pollution des eaux par les nitrates d’origine agricole et de prévenir toute nouvelle pollution de ce type. Une des obligations des États membres est de réaliser des campagnes de mesures des concentrations en nitrates dans les eaux souterraines et les eaux superficielles. En France, ces campagnes ont lieu tous les quatre ans.

La comparaison entre les deux dernières campagnes (2014-2015 et 2018- 2019) montre des résultats contrastés entre les eaux souterraines et les eaux superficielles.

À l’échelle de la région, les concentrations en nitrates des eaux souterraines sont en effet globalement stables (32 stations, soit 27 % des 127 stations du réseau nitrates), voire en diminution (42 stations, soit 36 %). Celles des eaux superficielles sont en revanche en augmentation (131 stations, soit 74 % des 176 stations du réseau nitrates), voire en augmentation forte (84 stations, soit 48 %).

Il existe cependant de fortes disparités entre les départements pour les eaux souterraines. Alors que l’Indre et le Loir-et-Cher ont respectivement 65 % et 67 % des stations des départements dont les concentrations sont en diminution, l’Eure-et-Loir présente 80 % de stations en augmentation, dont la moitié en augmentation forte. Ces disparités semblent moins marquées pour les résultats des stations en eaux superficielles. L’Indre-et-Loire est en effet légèrement moins impactée par l’augmentation des concentrations (avec environ 60 % des stations du département en augmentation) alors que près de 90 % des stations du Loiret enregistrent une augmentation.



Pour en savoir plus :

Directive Nitrates

https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=celex%3A31991L0676

Directive Eaux résiduaires urbaines

https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000000521140

La pollution par les nitrates d’origine agricole en région Centre-Val de Loire

https://www.centre-val-de-loire.developpement-durable.gouv.fr/la-pollution-par-les-nitrates-d-origine-agricole-r1345.html

Données sur les eaux souterraines

https://ades.eaufrance.fr/Recherche

Données sur les eaux de surface

http://www.naiades.eaufrance.fr/acces-donnees#/physicochimie






Commentaire de l’indicateur

La contamination des eaux souterraines et de surface par les nitrates est une problématique environnementale majoritairement liée à l’agriculture. La teneur élevée en nitrates dans les eaux provient de l’usage d’engrais azotés et de lisier en trop grande quantité pour être absorbés en totalité par les plantes.

La directive dite « nitrate » (91/676/CEE) a été adoptée en 1991 pour réduire la pollution des eaux par les nitrates et l’eutrophisation issues des activités agricoles et prévenir l’extension de ces pollutions.

En 2020, 28 704 habitants, soit 1,1 % de la population régionale, a été alimentée par une eau dont la teneur moyenne en nitrates a dépassé la norme de 50 mg/L. Des restrictions de consommation de l’eau pour les femmes enceintes et les nourrissons ont été prononcées. En 2020, le département d’Eure-et-Loir reste, comme les années précédentes le département le plus concerné de la région : les non-conformités concernent 3,5 % de la population de ce département, et contribuent (en population desservie) à près de la moitié des situations de non-conformités observées au niveau régional. Il a représenté les années précédentes très régulièrement plus de 80 % de la population alimentée, en région, par de l’eau dont la teneur moyenne en nitrates a dépassé 50 mg/L. La diminution du nombre d’habitants concernés en Eure-et-Loir par rapport aux années précédentes est expliquée cependant par la fermeture de captages en 2020. Toujours en 2020, le département d’Indre-et-Loire qui depuis 2012 n’était pas touché par la problématique des nitrates est passé de 0 à 8242 habitants touchés par une alimentation en eau dépassant les seuils autorisés.

En 2020, une unité de distribution du Loiret alimentant 287 habitants a dépassé le seuil de 100 mg/L de nitrates dans les eaux distribuées, entraînant une interdiction de consommation de l’eau dans l’attente d’un retour à la conformité.

Entre 2014 et 2018, le nombre d’habitants desservis par une eau non conforme en nitrates diminue au niveau régional mais il repart à la hausse en 2019 et 2020 sans toutefois atteindre les niveaux d’avant 2014.

Cette amélioration résulte principalement de la mise en place d’interconnexions, du recours à de nouvelles ressources, voire de l’installation de stations de traitement de dénitrification. La récente augmentation constatée depuis 2018 est imputable en partie, dans un contexte de sécheresse et de déficit pluviométrique, à des baisses de niveaux des nappes d’eaux souterraines entraînant des modifications des ressources en eau utilisées pour l’alimentation en eau potable.



Pour en savoir plus :

ARS, qualité de l’eau potable

https://www.centre-val-de-loire.ars.sante.fr/qualite-de-leau-potable-en-2020





Commentaire de l’indicateur

La pollution des eaux souterraines et de surface par les pesticides est due à la pratique d’une agriculture intensive. Répandus sur les cultures, ils infiltrent les sols et les eaux. Les 3 principales familles de pesticides retrouvés dans l’eau sont :

- les organochlorés : molécules difficilement dégradables ;

- les organophosphorés : des molécules synthétiques à dégradation rapide, mais neurotoxiques ;

- les pyréthroïdes : des molécules synthétiques pouvant être mortelles pour les espèces aquatiques.

En région Centre-Val de Loire, en 2020, 86 % de la population, a été alimentée par de l’eau conforme aux limites de qualité fixées par la nouvelle directive eau potable publiée le 23 décembre 2020. 5 % de la population régionale est alimentée par de l’eau ayant fait l’objet d’un dépassement ponctuel (de moins de 30 jours) en pesticides et 9 % a été alimentée par de l’eau ayant présenté des dépassements récurrents (plus de 30 jours dans l’année) en pesticides.

En 2018, la recherche dans l’eau de nouvelles molécules, issues notamment de la dégradation du métolachlore et du métazachlore (herbicides), a entraîné une forte hausse des non-conformités par rapport au bilan de l’année 2017. Cependant, depuis 2019 la qualité des eaux distribuées connaît une amélioration sensible et régulière. Ainsi, au niveau régional, le nombre d’habitants (hab) concernés par des non-conformités chroniques a diminué de près de 200 000, passant de 17 % (en 2018) à 9 % de la population régionale. Toutefois, il existe une forte disparité entre les départements. L’Indre, le Loiret et l’Eure-et-Loir gardent un taux de population touchée par une eau non conforme élevé et qui ne baisse pas depuis 2018 (respectivement 81 135 hab, 57 440 hab et 43 377 hab en 2020). Le Loir-et-Cher et l’Indre-et-Loire, en nette amélioration, sont à l’origine de la baisse régionale observée en 2020.

Ces dépassements n’ont toutefois pas nécessité la mise en place de restriction de l’utilisation de l’eau pour les usages alimentaires, conformément aux préconisations de l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES), puisqu’aucun dépassement de la valeur sanitaire maximale définie par l’ANSES n’a été observé.



Pour en savoir plus :

Qualité de l’eau potable

https://solidarites-sante.gouv.fr/sante-et-environnement/eaux/eau

ARS, Qualité de l’eau potable en 2020

https://www.centre-val-de-loire.ars.sante.fr/qualite-de-leau-potable-en-2020







8.2 Outils de protection

Commentaire de l’indicateur

La directive « Nitrates » a été mise en place en vue de réduire la pollution des eaux par les nitrates issus de sources agricoles et de prévenir toute nouvelle pollution de ce type. Elle impose aux Etats membres :

de mettre en place une campagne de surveillance des concentrations en nitrates dans les eaux superficielles et souterraines afin de déterminer les secteurs contaminés (ou qui risquent de l’être), ainsi que ceux qui ont tendance à l’eutrophisation (ou qui risquent d’être eutrophisés) ;

- de désigner les zones vulnérables aux nitrates ;

- d’y associer des programmes d’actions obligatoires (maîtrise des fertilisants azotés, gestion adaptée des terres agricoles limitant les fuites de nitrates vers les eaux, gestion des effluents…).

En France, un réseau de qualitomètres (stations de mesure des agences de l’eau, des ARS ou encore locales) permet de réaliser un suivi des concentrations en nitrates tous les quatre ans. La dernière campagne de relevés a été réalisée sur l’année hydrologique 2018-2019.

Sur la base des résultats de cette dernière campagne, les zones vulnérables de 2017 ont été révisées en 2021. A été considéré comme zone vulnérable tout secteur pour lequel :

- les eaux de surface dépassent le seuil de 18 mg/L de nitrates ;

- les eaux souterraines dépassent le seuil de 50 mg/L de nitrates ;

- le taux de nitrates compris entre 40 et 50 mg/L pour les eaux souterraines avec une tendance à la hausse.

En Centre-Val de Loire, les zones vulnérables en 2021 représentent 3,4 millions d’ha, soit 87 % de la surface régionale. Leur évolution entre 2017 et 2021 se traduit par une progression de leur surface d’environ 87 400 ha soit 2 % de la surface régionale). De petits secteurs ont toutefois été dernièrement déclassés aux abords du Cher, de l’Indre et de la Loire, en raison d’une amélioration de leur taux en nitrates (environ 4 400 ha soit 0,1 % de la surface régionale).

Malgré les plans d’actions mis en place sur ces zones, la surface des zones vulnérables a augmenté à l’échelle régionale, il est néanmoins possible d’inverser la tendance, comme cela est démontré sur les secteurs déclassés :

- Cher : Brinon-sur-Sauldre, Saint-Maur, Saint-Saturnin ;

- Indre : Saint-Cyran-du-Jambot ;

- Indre-et-Loire : Céré-la-Ronde, Villeloin-Coulangé ;

- Loir-et-Cher : Faverolles-sur-Cher, Saint-Georges-sur-Cher ;

- Loiret : Loury, Rébréchien, Jouy-le-Potier, Saint-Florent.



Pour en savoir plus :

Directive Nitrates

https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=celex%3A31991L0676

Les zones vulnérables en région Centre-Val de Loire

https://www.centre-val-de-loire.developpement-durable.gouv.fr/quelles-sont-les-zones-vulnerables-en-region-a4189.html

La pollution par les nitrates d’origine agricole en région Centre-Val de Loire

https://www.centre-val-de-loire.developpement-durable.gouv.fr/la-pollution-par-les-nitrates-d-origine-agricole-r1345.html

Données sur les eaux souterraines

https://ades.eaufrance.fr/Recherche

Données sur les eaux de surface

http://www.naiades.eaufrance.fr/acces-donnees#/physicochimie